Le point sur les conservateurs naturels

Pour compléter le premier article que j’avais fait sur les conservateurs habituels et potentiellement nocifs utilisés en cosmétique conventionnelle, je me suis penchée cette fois sur les conservateurs que les marques « bio » utilisent et dont on dispose nous-mêmes pour faire nos cosmétiques .

Leuconostoc/Radish Root ferment(Leucidal): un mal pour un bien

Le développement de ce conservateur est lié à une observation qui a été faite pendant l’épidémie de grippe aviaire en Corée. Certains poulets infectés avaient un meilleur taux de guérison que les autres grâce à leur alimentation. Ils étaient nourris au kimchi, un met traditionnel Coréen à base de végétaux fermentés. Cette observation a donné l’idée à une compagnie de se servir des bactéries utilisées pour la fermentation du kimchi pour développer un conservateur naturel. Ils ont donc utilisé les bactéries leuconostoc pour faire fermenter des racines de radis et ont testé l’effet conservateur de ce produit. Pour faire le test, ils ont inoculé différents micro-organismes (staphylocoque doré, pseudomonas aeruginosa, candida albicans, e. coli,a. niger, k. pneumoniae et b. cepacia) dans une émulsion huile dans eau classique à J0 puis à nouveau à J28. Plus de 99,99% des micro-organismes étaient éliminés dans les 2 cas pour une concentration de 2%. Ce conservateur peut être utilisé pour des pH compris entre 1 et 8 et à une température inférieure à 60 degrés.

Benzyl alcohol & Dehydroacetic acid (Cosgard,Geogard)

Certifié Ecocert, le Benzylalcohol DHA est un antimicrobien efficace sur un large spectre de micro-organismes. Le DHA est largement utilisé comme conservateur et dans l’industrie alimentaire et a bénéficié de nombreuses études de toxicité qui ont conclu à un excellent profil de tolérance.  Le Benzyl alcohol est quant à lui utilisé entre autre comme conservateur de traitements ophtalmologiques et présente également un excellent profil de toxicité. Efficace sur des pH compris entre 2 et 7 à hauteur de 0,6% en moyenne.

Almond and Vanilla extracts (Plantaserv Q,Naticide)

Elaboré à base d’extraits végétaux naturels, le Naticide a des propriétés antimicrobiennes aussi larges que ses concurrents précédemment décrits. Sa dénomination INCI est « fragance », ce qui permet aux marques cosmétiques de certifier leurs produits comme « Preservative free ». Employé entre 0,3 et 1% sur des pH compris entre 4 et 9.

Sodium benzoate & Potassium sorbate

Peut-être plus contraignant à utiliser, ce mélange de conservateur n’est efficace que sur des préparations dont le pH est compris entre 4,5 et 5, ce qui oblige à vérifier le pH des préparations et à l’ajuster avec de l’acide lactique par exemple. Ceci est du au fait que ce sont les acides benzoique et sorbique qui ont des propriétés antimicrobiennes et ils doivent donc être utilisés dans une émulsion acide. Ces molécules sont pourtant largement utilisées dans l’industrie alimentaire et possèdent de larges propriétés antimicrobiennes. On les trouve dans les cranberries, les pommes, la cannelle ou encore les prunes. A employer entre 0,5 et 1%.

Salix Nigra (Willow) Bark Extract

Extrait de l’écorce du saule noir, riche en acide salicylique et en tanins, les extraits aqueux obtenus lors des récoltes toute fraîches sont réputés pour avoir des propriétés analgésiques, antiseptiques, astringentes, antipyrétiques et anti-inflammatoires. L’écorce de saule contient une molécule similaire à l’acide salicylique synthétique sans en développer les effets nocifs. L’acide salicylique a des propriétés kératolytiques puissantes qui contribuent au renouvellement cellulaire et des propriétés antimicrobiennes, notamment contre le staphylocoque doré et le propionibacterium acnes qui sont les deux familles de bactéries impliquées dans l’acné. Des tests in vitro ont prouvé leur efficacité comme conservateur à hauteur de 2,5 à 3%.

Cette petite revue nous montre bien qu’il existe maintenant pas mal d’alternatives aux parabens et autre phenoxyethanol et que les grandes marques n’ont plus vraiment d’excuses pour continuer à utiliser les ingrédients les plus nocifs dans leurs formulations. Le développement de ces alternatives est également une bonne nouvelle pour toutes les « cosméteuses », à qui on ne pourra plus reprocher de jouer aux apprenties chimistes en toute inconscience. Ça fait maintenant plus de 8 ans que je fabrique mes cosmétiques conservés « naturellement » et ma peau s’en porte vraiment mieux.

 

30 avril 2014 par  
Classé sous Dossiers, Le point sur les conservateurs naturels

  • Winsor Pilates

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